• Une exposition de nus masculins et un livre réveillent en ce moment les souvenirs des anciennes maisons closes parisiennes. Rencontre avec l'auteure et collectionneuse de photos érotiques anciennes : l'incontournable Nicole Canet.

    caillaux
    Pourquoi ces photos de nus masculins vous passionnent-elles ?
    Il y a longtemps que j'avais ce projet en tête, depuis 2009. J'avais déjà quelques photos de nus masculins dans des bordels, mais elles étaient dispersées et ne formaient pas une unité pour un livre ou une exposition. J'ai toujours aimé les photos de nus masculins, mais exposer ou réunir des photos contemporaines auraient posé trop de problèmes : sur les photos datées des années 60 ou même 50, les modèles pourraient être encore identifiables. Si je suis collectionneuse de photos érotiques anciennes, c'est que la pornographie y prend une toute autre dimension. Avec son charme désuet, parfois de l'originalité des compositions ou des situations, on sort en fait de la pornographie. C'est drôle et ludique !
     
    Comment avez-vous constitué cette collection ?
    Cela m'a pris un temps assez long, plus d'une année. J'ai parfois acheté un album entier de photos érotiques anciennes, qui ne contenait qu'une ou deux photos avec des hommes entre eux. Ensuite, il a fallu faire des recoupements pour identifier de quel établissement provenait les photos : cela pouvait tenir à des détails comme le motif de la tapisserie, etc. Ensuite, il m'a fallu consulter les textes de carnets, aller aux archives, souvent celles de la Préfecture ou de la Police !
     
    Pourquoi les photos de maisons closes vous ont-elles particulièrement intéressées ?
    En fait les maisons closes de bonne tenue éditaient des carnets de cartes de visites que les tenancières présentaient à leurs clients sous forme de «cartes» : souvent deux ou trois hommes qui se faisaient payer, posaient et se laissaient photographier, seuls ou à plusieurs. C'était une formidable source de documentation ! L'univers homosexuel m'a toujours fasciné et spécialement celui des maisons closes. Après tout, la prostitution est un travail comme un autre, que je trouve très digne ! C'est aussi un travail de détective, localiser les établissements, raconter une histoire, c'est circuler dans un imaginaire que j'aime beaucoup et qui m'a saisi quand, il y a vingt ans en ouvrant la galerie, j'ai commençé avec des photos de marins.
     
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    Parmi ces photos, quelle est votre préférée ?
    J'ai une faiblesse toute particulière pour une photo représentant des jeux en chambres (ci-dessus). Elle représente un véritable tableau vivant de trois garçons, fesses dénudées, jambes gainées de bas, ayant même pris soin de garder leurs chaussures vernies. Nous sommes transportés dans une atmosphère à la Molinier, un univers clos, obsédant, presque asexué, où les trois jeunes hommes ont vraiment l'air de jouer et de s'amuser, un godemiché de satin blanc pour l'un, un nœud dans les cheveux, comme une fleur, pour un autre. Je regrette vraiment de n'avoir pas pu identifier le lieu de ces joyeux ébats !
     
    Exposition :
    Du mardi au samedi, de 14h30 à 19h30 - Galerie au Bonheur du jour, 11 rue Chabanais 75002 Paris - Tél : 01 42 96 58 64
     
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    Livre-catalogue de l'exposition :
    Hôtels garnis, Garçons de joies. Prostitution masculine, lieux et fantasmes à Paris de 1860 à 1960 de Nicole Canet - Editions Au Bonheur du Jour - 79 euros
     
    Par Olivier de Cléry.

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