• Jean-François Copé ne célébrera pas de mariages de couples homos, François Fillon envisage même de le ré-interdire s'il est acté : sur France 2, les deux UMP ont rivalisé d'hostilité à l'égard de cette loi.

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    Je dis tout de suite que ce n'est pas un texte sur lequel je considère qu'il ne faut pas revenir lorsqu'il y aura une alternance. Si l'on comprend bien cette phrase alambiquée, à double négation, François Fillon explique qu'il envisage de faire interdire à nouveau le mariage des couples homosexuels, une fois que celui-ci serait autorisé en France. Parce que sur un sujet comme celui-là, on ne peut pas considérer qu'une fois le texte voté, les choses sont acquises, précise-t-il.

    Opposition totale à la loi
    C'est la première fois qu'un leader de l'UMP anticipe à haute voix cette possibilité de manœuvre de la part de la droite, dans le cas où elle perdrait la bataille et que le mariage et l'adoption pour tous les couples soient votés l'an prochain. Il a lancé cette attaque hier soir dans "Des paroles et des actes", sur France 2, lors du débat avec Jean-François Copé pour savoir qui prendrait la tête de l'UMP.

    François Fillon avait juste avant expliqué qu'il respecterait la loi sur le mariage des homos si elle était votée, même si ça lui poserait un certain nombre de vrais problèmes de conscience, avant de chercher à les faire interdire, donc. Car l'ancien Premier Ministre a redit son opposition totale au mariage homosexuel et sa demande au Chef de l'Etat de l'arrêt de ce texte. La vérité et les Français doivent le savoir, c'est qu'il y a en gestation un texte qui va profondément modifier la question de la filiation. Donc, j'y suis totalement opposé et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher ce texte d'aboutir, menace-t-il.

    Pas de mariage pour Copé
    Afin de ne pas être en reste, Jean-François Copé a assuré qu'il ne célébrerait pas de mariage de couple homosexuel dans sa mairie de Meaux et qu'il déléguerait la cérémonie à ses adjoints si la loi était adoptée. Je mettrai tout ce que je peux de convictions pour montrer que cette loi va provoquer de la déstabilisation dans la société, a proclamé l'actuel secrétaire général de l'UMP. Les Français sont en train de réaliser qu'on est en train de modifier le code civil.

    A l'issue du débat, Najat Vallaud-Belkacem a réagi sur le refus de Jean-François Copé de célébrer des mariages : Quelle image est-ce que cela donne ?, a demandé la Ministre et Porte-Parole du Gouvernement. C'est pour le moins troublant qu'un responsable politique de ce niveau annonce qu'il ne respectera pas la loi. Quel signal est-ce que cela envoie à tous les Français à qui on demande de respecter la loi quoi qu'ils en pensent ? (…) C'est extrêmement grave, a-t-elle commenté.

    Par Maxence Briguet.


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  • Le "Baiser de Marseille" a fait des petits ! L’association anti-mariage et adoption pour tous Alliance Vita appelait au rassemblement à Nantes. Ce dernier a été perturbé par un kiss-in de contre-manifestants et un très langoureux baiser entre deux jeunes filles.

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    On commence déjà à l’appeler "Le Baiser de Nantes", en référence à celui des jeunes marseillaises (lire notre interview) qui buzze depuis des jours. C’était au tour de la préfecture du Pays de la Loire de voir les membres de l’association Alliance Vita se rassembler. Les anti-mariage et adoption pour tous étaient environ 400 place Royale, selon le journal "Presse Océan" qui avait fait le déplacement.
     
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    Comme partout où ils se sont rassemblés, les militants et leur homme-oiseau ont commencé à exécuter leur chorégraphie et à clamer leur slogan "Un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants". Jusqu’à ce que des défenseurs des LGBT s’en mêlent… Dans une vidéo réalisée par le quotidien régional français, on distingue nettement une dizaine de contre-manifestants s’inviter au happening et s’embrasser au milieu des anti-mariage pour tous quand d’autres brandissent des pancartes en signe de protestation. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont été très mal reçus… A l’image de ce couple gay que l’on voit se faire immédiatement dégager par deux hommes (à la 35e seconde). Regardez :
     
     
    Peu après, ce sera au tour de deux jeunes femmes de s’embrasser, cette fois très longuement et en arrière-plan, sur une fontaine située à l’abri des manifestants :
     

    Contrairement aux Marseillaises, elles ont mis la langue !
    Ces baisers étaient à l’initiative de l'association nantaise Dur-e-s à Queer, dont Xavier est un membre actif. Il était présent aujourd’hui place Royale : On n’était pas les seuls à avoir eu l’idée de venir contre-manifester. Sur place, on s’est retrouvé avec HES (Homosexualité et Socialisme), le MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes) et une autre asso locale. En tout on était entre 40 et 50 !

    Les deux filles qui s’embrassent sur la fontaine sont des membres des Dur-e-s à Queer. Après s’être fait virer par les manifestants, elles voulaient continuer à s’embrasser dans un endroit visible. Elles pour le coup, se sont de vraies lesbiennes ! Contrairement aux filles de Marseille elles ont clairement mis la langue !, glisse Xavier en riant. Car en voyant ce baiser, on ne peut en effet pas s’empêcher de penser à la photo qui agite les médias et la toile depuis mardi. On ne s’en est pas inspiré, en fait on avait l’idée de relancer les kiss-in depuis un moment. Aujourd’hui on voulait faire passer un message de fierté : on est fiers d’être pédés et ce kiss-in en était une parfaite illustration, poursuit Xavier, qui conclut en qualifiant l’action des membres d’Alliance Vita de "ridicule" : Ils se sont bien plantés avec leur histoire d’oiseau et on a profité pour en rigoler ! Devant eux on a chanté du Michel Fugain et on a crié ‘"Libérez la danse contemporaine !’" Bref, on s’est bien amusés !

    Selon Xavier, pendant le rassemblement nantais d’Alliance Vita ce midi, trois contre-manifestants auraient été confrontés à des situations de violence et deux auraient été légèrement blessés dans la cohue.

    Le groupe AllOut.org a lancé une pétition pour défendre le projet de loi du gouvernement, cliquez ici

    Par Olivier de Cléry.

     


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  • Depuis son repérage mardi, l'image n’en finit plus d’être partagée sur les réseaux sociaux et d’être reprise dans les médias. Comment expliquer la force de cette photo ? Deux experts décryptent l’image.

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    Un baiser déjà culte selon "Le Point" ou "Arrêts sur images", l'une des images de l'année pour le site belge 7sur7, Comment cette photo devient le symbole du mariage gay pour le Huffington Post... De la journée de mobilisation contre le mariage pour tous, organisée mardi par l'association Alliance Vita, on a surtout retenu ce très beau cliché de Gérard Julien correspondant marseillais de l'AFP. L'image a fait le tour des médias et des réseaux sociaux.

    David Groison et Pierangelique Schouler, auteurs de "Prises de vue, décrypter la photo d'actu", expliquent les raisons de ce succès.

    La photo du baiser de Marseille a énormément fait parler d'elle, y compris à l'étranger. Comment expliquez-vous ce succès ?
    Nous avons identifié quatre éléments remarquables. Tout d'abord la composition : les deux jeunes femmes sont au centre de l'image. Elles sont entourées de toute part, comme agressées.

    Ensuite il y a le contraste entre leur naturel à elles - avec des habits qui dépassent, leurs sacs, une cannette à la main - et l'aspect des militants, qui sont costumés, avec des pancartes et donc organisés. Il y a une opposition entre leur spontanéité à elles et quelque chose de construit et de pas naturel.

    La troisième chose, c'est que l'on voit une opposition de couleurs. Les deux jeunes femmes sont dans des tons foncés, alors que les militants qui les entourent sont en blanc et rose. Il y a par ailleurs une inversion des couleurs qui rajoute un supplément d'âme à la photo. Le blanc et le rose sont souvent des couleurs extrêmement positives, qui symbolisent l'espoir ou l'amour, alors que le noir est associé au deuil. Là, le rapport est inversé, ça donne un effet de surprise supplémentaire.

    Le dernier point, c'est le jeu des regards. Elles sont absorbées dans un baiser l'une avec l'autre, les yeux fermés. Tous les autres regards convergent vers elles. Sur la deuxième photo publiée avec un angle légèrement différent, on voit bien la militante à côté d'elles, en rose, qui les regarde avec les sourcils froncés. C'est cette deuxième photo qui nous semble la plus forte, avec ce regard…

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    Selon certains journaux, cette photo est déjà "culte", à classer parmi des photos comme la fameuse du baiser de l'hôtel de ville... Comment expliquez-vous qu'on utilise des mots aussi forts ?
    Il y avait une image comme ça qui avait beaucoup circulé l'année dernière, qui avait aussi été qualifiée de culte. On voyait, lors d'une manifestation à Vancouver, un mur de policiers avec, devant eux, un couple à terre. Il se trouve que ce n'était, en fait, pas un couple. Mais visuellement, l'amour contre des forces de répression, ou des forces réactionnaires, ça donne des photos qui fonctionnent très bien et qui sont cultes. Pour la photo de Marseille, le baiser lui même ne suffirait pas à en faire une photo remarquable, il est brouillon, les vêtements dépassent... Ce qui marque, c'est ce contraste entre le baiser et les regards négatifs.

    La photo a été prise lors d'une manifestation contre l'ouverture du mariage, qui comptait elle même jouer sur l'image. Il y avait toute une mise en scène avec un personnage ailé, des groupes avec hommes et femmes séparés, des vêtements colorés... Mais le buzz a été négatif. Visuellement, cette image là ne fonctionne pas ?
    C'est la conjonction entre une cause et une image qui ne collent pas. Il y a plein de manifestations construites qui marchent très bien, comme quand le collectif Sauvons les riches fait semblant de braquer une banque. Dans le cas du rassemblement contre le mariage pour tous, la cause est connotée plus négativement, vue comme réactionnaire, donc on est plus à même de critiquer la mise en scène. D'autant plus qu'il y a eu cette photo, qui est comme le grain de sel qui dévoile la mise en scène. Ils ont perdu un match médiatique.

    "Prises de vue, décrypter la photo d'actu"
    De David Groison et
    Pierangelique Schouler
    Editions Actes Sud Junior

    Par Olivier de Cléry.


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  • En accordant un "congé paternité" à une lesbienne, le conseil général de l'Essonne a montré que certaines entreprises et collectivités jouaient le jeu de l'égalité des droits au travail. Pourtant, trop d'homos s'abstiennent encore de les réclamer…

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    Des membres d'HomoSFèRe, l'association LGBT du groupe SFR.
     

    Si elle continue de diviser, l'homoparentalité est déjà rentrée dans les mœurs d'une poignée d'entreprises et de collectivités locales, qui ont décidé d'accorder un congé de naissance et de paternité à leurs salariés homosexuels sans attendre une évolution de la loi.

    Une dizaine de grandes entreprises
    Un enfant va naître. Il est normal que les deux adultes qui vont l'élever soient présents pour ses premiers jours. En accordant un congé légalement réservé au père, on répond à une situation concrète, on n'est pas dans l'idéologie, argumente le président PS du conseil général de l'Essonne, Jérôme Guedj, qui a accordé mi-octobre pour la première fois un "congé d'accueil à l'enfant".

    Un pragmatisme partagé par une dizaine d'entreprises (SFR, Monoprix, Orange, IBM, Vinci, etc.), les conseils généraux de Seine-et-Marne et de l'Essonne mais aussi par la ville de Lyon. Mi-octobre, le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls a lui aussi décidé la généralisation du congé de naissance (3 jours) et du congé de paternité (11 jours) à l'ensemble des fonctionnaires de la police nationale.

    Non-dits et anonymat
    D'autres entreprises restent plus discrètes mais accordent au cas par cas ces deux congés. Il y a une mouvance qui s'est créée, se félicite Jérôme Beaugé, porte-parole d'Homoboulot, un réseau d'associations de salariés LGBT. Cela leur permet d'avoir une excellente image et d'envoyer un symbole fort, nécessaire pour faire avancer les choses, dit-il. Pourtant, par peur d'éventuelles répercussions sur leur carrière, nombre de salariés LGBT hésitent à en faire la demande.

    On ne sait pas mesurer l'efficacité de ces mesures. Peut-être y a-t-il encore dans l'entreprise des non-dits, des freins qui font que tout le monde n'ose pas profiter de ces congés malgré la garantie de leur anonymat, avance Armelle Bernard, responsable de la stratégie de l'entreprise Eau de Paris, pionnière en la matière. Un certain nombre de personnes ne profiteront pas de leurs droits car cela implique de se dévoiler, confirme Catherine Tripon, porte-parole de L'Autre cercle, fédération d'associations LGBT luttant contre les discriminations au travail.

    Congé d'accueil à l'enfant
    «Pour rétablir une égalité de traitement entre les parents» et «prendre en compte la situation de toutes les familles», Françoise Clergeau, députée PS de Loire-atlantique, porte depuis 2006 un amendement visant à accorder le congé paternité, rebaptisé congé d'accueil à l'enfant, au partenaire d'un parent.

    A ce jour, les couples de même sexe ne peuvent bénéficier du congé de paternité mais sont reconnus pour certaines prestations sociales comme le congé parental. Cet amendement qui doit être examiné en fin de semaine lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a cette fois de bonnes chances d'être voté.

    Un acte d'amour
    Si on ne légalise pas, cela ne changera rien. Les couples de même sexe continueront à s'aimer et à vouloir des enfants ; c'est une réalité, affirme l'ex-internationale de football féminin, Marinette Pichon, dont la compagne attend un garçon pour fin novembre. Alors que le gouvernement s'apprête à ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, l'homoparentalité reste difficile à quantifier mais les associations parlent de 200 à 300 000 enfants concernés.

    En obtenant son congé accordé par le conseil général de l'Essonne, Marinette, 37 ans - qui sans être "militante" n'a jamais caché son homosexualité - s'est sentie "reconnue dans ses droits". Certes, ce n'est pas la normalité mais ce n'est pas anormal non plus. Avoir une famille quand on est homosexuel est un véritable acte d'amour, assure Marinette, espérant que l'exécutif ira au bout de sa démarche.

    Par Maxence Briguet.


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  • Congé paternité et congé naissance ont été refusés à Raphaëlle, en couple avec Fabienne qui a accouché de jumeaux. La jeune policière en poste dans le Rhône souffre de n'avoir "aucun lien légal" avec ses fils.

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    Raphaëlle et Fabienne sont toutes deux policières dans le Rhône. Elles ont trois enfants, dont deux jumeaux nés début 2012, pour lesquels Raphaëlle veut faire reconnaître en justice son droit à un congé paternité. Un droit qui lui est refusé par sa hiérarchie.

    L’affaire devant la justice
    Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), examiné aujourd’hui ou demain, pourrait autoriser la transformation du congé paternité en "congé d'accueil à l'enfant", indépendamment du sexe du conjoint. Mais dans l'attente de cette évolution, Raphaëlle raconte son parcours, débuté avec la soumission à sa hiérarchie de deux demandes de "congé paternité" (11 jours portés à 18 en cas de jumeaux) et de "congé naissance" (trois jours) refusées.

    Or, quand on a eu les jumeaux, j'avais deux collègues hommes dont les femmes étaient enceintes. Ils n'ont même pas fait de rapport pour demander des congés paternité, ça leur a été accordé !, s'offusque, sous couvert d'anonymat, cette membre de la police nationale qui réside à Lyon avec sa compagne. Violemment prise à partie par un supérieur, muté ailleurs depuis, la policière s'est alors résignée à prendre sur ses jours de vacances pour épauler sa compagne à sa sortie de maternité. Mais, en parallèle, elle qui se tenait jusqu'alors éloignée des associations LGBT par souci de discrétion a décidé de monter au créneau contre sa hiérarchie et de porter l'affaire devant le tribunal administratif de Lyon, qui pourrait l'examiner en 2013.

    Au bon vouloir d’un chef de service
    Son combat a été mis en avant par l'association des policiers et gendarmes homos "Flag !" , qui vient d'obtenir du Ministre de l'Intérieur Manuel Valls la reconnaissance du droit aux congés naissance et paternité pour la police nationale (lire notre article). Malgré cette avancée, Raphaëlle maintient son combat judiciaire, afin que nul ne soit plus soumis au "bon vouloir d'un chef de service". Car sa compagne Fabienne avait ainsi, elle, obtenu un congé paternité à la naissance de leur fille aînée, âgée de deux ans, alors même qu'elle exerce dans la police municipale d'une commune de droite.

    Pour justifier sa demande de congé paternité, Raphaëlle en est venue à confier à sa hiérarchie que les jumeaux attendus par sa compagne avaient été conçus avec ses ovocytes à elle. Comme ils jouaient sur le fait que je n'avais aucun lien avec ces enfants, j'ai apporté l'argument que c'étaient mes ovules, explique la policière, qui souffre de n'avoir aucun lien légal avec ses fils.

    Une vraie fratrie
    Les deux jeunes femmes, pacsées après leur rencontre en 2006, ont fait ce choix d'enfants "biologiquement frères", après avoir rencontré psychiatres et psychologues. Nos trois enfants sont biologiquement frères et soeur, avec mes ovules et un même donneur anonyme, pour les deux fécondations in vitro réalisées en Belgique, explique Raphaëlle. On voulait une vraie fratrie, au-delà du fait de porter les enfants à tour de rôle, ajoute Fabienne.

    Les deux femmes, qui espèrent pouvoir se marier un jour et adopter l'une l'autre leurs enfants, se réjouissent de petits signes de reconnaissance sociale, comme ce cadeau de fête des mères, en bonne place dans leur salon, réalisé par leur fille. Les puéricultrices de la crèche ont inscrit "Bonne fête mamans", au pluriel, sur le cadre en forme de cœur entourant une photo du couple.

    Par Laurent Doucet de Courtuy.


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