Mes enfants ont été formidables, tout simplement. Ils ont compris d'emblée que rien ne changerait entre nous, que je les aimerais toujours, que jamais je ne fuirais mes responsabilités à leur égard et que bien sûr cet exercice d'exposition de soi m'avait été difficile mais nécessaire. Jamais ils ne m'ont écouté avec autant d'attention, de gravité et de profond respect que durant ce moment assez long où je les ai réunis tous les quatre.

Jamais pourtant ils n'avaient imaginé leur père capable d'aimer un homme. Ils l'ont parfaitement accepté, ont été très sensibles à mon récit et m'ont écrit un petit mot "à quatre mains" que je conserverai toujours. Je ne leur ai pas caché que, si j'avais pu choisir, j'aurais préféré être tout simplement hétéro, parce que ma vie aurait été bien plus simple !

Ils savent désormais que derrière le mot rabâché "homosexualité" se trouve tout simplement de l'amour. J'ai eu bien tort de me faire une montagne de cet "aveu"… En le faisant, j'ai très modestement contribué à leur éducation de citoyens, soucieux du respect des autres et de toutes les différences.

A tous les papas gays, comme moi, qui gardent le secret, je me permets de conseiller de franchir le pas, de surmonter cette crainte étouffante et paralysante : en prenant le soin de bien insister sur la dimension affective de notre orientation, on sort de ce moment heureux, libéré, et quelque part, avouons-le, fier d'avoir des enfants remontés contre l'homophobie.

Patrice - 47 ans - Lyon